Les projets de réhabilitation du quartier

Quartier historiquement dévaforisé, comme on l'a découvert dans la présentation historique, Bacalan fait l'objet de nombreux projets de réhabilitation visant à sortir ce secteur du délabrement ambiant. Premier et principal projet, l'extension du tramway a été concrétisée l'an dernier. Autre point fort de l'actualité récente, le pont Bacalan-Bastide, dont le projet a été voté par la CUB le 4 septembre dernier, devrait bientôt voir le jour...

Avec l’arrivée du tramway, Bacalan se prépare à devenir un quartier à part entière de Bordeaux. Lors d’un débat en 2004, le journaliste Rémi Cambau, rappelant la réflexion engagée par la ville de Bordeaux avec l’agence d'Urbanisme dans les années 90, reconnaissait qu’il « était presque impensable à l’époque de s’attaquer aux bassins à flot pour en faire un quartier de la ville » (sic). Bacalan était bel et bien considéré comme une zone inexistante, l’architecte Grumbach, mandaté pour définir la future zone d’aménagement des bassins à flot, parlant même d’une « obsolescence créant une espèce de vide dans la ville ». Cet intérêt récent pour un quartier qui fut le cœur industriel et maritime d’une ville portuaire prestigieuse jusqu’au milieu du xxe siècle n’est pas le fait du hasard. Ce secteur avec ses friches représente une des seules possibilités de développement urbain de Bordeaux. Malheureusement, cette prise de conscience repose, comme souvent, sur une représentation simpliste et erronée d’un lieu pourtant puissamment chargé d’histoire qu’on s’efforce de gommer pour laisser place à des projets nécessitant une page blanche.

« Quartier mal famé, sale », « quartier de la nuit », quel qualificatif péjoratif n’a-t-on entendu à propos d’une entité géographique où vivent pourtant des citoyens qui ont pour seul défaut d’avoir survécu à l’indifférence de plusieurs dizaines d’années d’un Bordeaux honteux, plus soucieux d’image que de réalisations concrètes ?

Grumbach, cependant, et avec lui Alain Juppé, semblent avoir porté un regard plus clément sur Bacalan et ses 7 000 habitants, parlant de « lieu magique, avec toute son histoire industrielle, avec toute sa mémoire » qu’il faudrait restituer à la ville. Il s’agit bien de rompre avec une coupure, avec un statut d’isolement. Il est de bon augure que tous le comprennent, qu’effectivement, selon les propos mêmes de Grumbach, on puisse restaurer la circulation du « dedans au dehors », faire en sorte que « cet espace (…) devienne un lieu qui réunisse autour d’un plan d’eau absolument magique les deux quartiers et donc l’ensemble de la ville ».

Source : Bacalan - le journal du quartier n°22