Nous sommes à Carvin, à la fin des années 1870. Le cabaret de Louis Descamps et d’Elisabeth Luciez, son épouse, résonne des conversations de la troupe d’artistes d’un cirque itinérant.Parmi eux, un jeune homme qui approche les 30 ans ; il s’appelle Victor Alphonse Gassion et il est écuyer. Il comprend bien vite que la fille des tenanciers, Léontine Louise, n’est pas insensible à son charme. Elle ne lui déplaît pas non plus, cette jeunette qui n’a pas 20 ans.
Et le 6 janvier 1880, les voilà mariés ! Ils s’installent dans la Normandie natale de Victor.
Un an plus tard, Léontine donne le jour à un garçon que le couple prénomme Louis Alphonse.
Celui-ci devient le père, en 1915, d’une petite Edith Giovanna Gassion, plus connue sous le nom d’Edith Piaf.
La légende veut qu'Edith Piaf soit née sous un lampadaire, rue de Belleville dans le 20e arrondissement de Paris. En fait, Edith Piaf est sans doute née à l'hôpital Tenon, porte de Bagnolet, comme l'indique le très officiel certificat de naissance au nom d'Edith Gassion daté du 19 décembre 1915.
Comprenant bien vite que son épouse n’a pas la fibre maternelle, Louis Alphonse confie la petite Edith à la grand-mère maternelle et part à la guerre. Lors d’une permission, Louis Alphonse se rend compte de l’insalubrité dans laquelle sa fille est élevée. Aussitôt, il la conduit chez sa propre mère à Bernay, en Normandie.
Notre Léontine accueille l’enfant à bras ouverts. Edith Piaf affirmera toujours que les quelques années passées chez sa grand-mère Léontine ( « Maman Tine », comme elle disait ) ont été les plus belles de son enfance.
Un petit détail cependant : le numéro 7 de la rue St-Michel à Bernay, où habite la grand-mère carvinoise, est la maison close du canton et Léontine, que tout le monde appelle « Madame Louise » , en est la patronne.
Edith souffre de malnutrition et de bronchite. Elle se rétablira grâce aux soins de Maman Tine, de ses « filles » et du médecin qui la suit. Les pensionnaires de « Madame Louise » adorent la petite et lui apprennent le piano.
Maman Tine se sent responsable de l’éducation de sa petite fille et l’envoie à l’école. Un jour, l’une des prostituées s’aperçoit qu’Edith devient aveugle. On décide une petite visite à Notre-Dame de Lisieux, toute proche. Et Edith recouvre la vue ! Dans la maison close, on fête l’évènement et la petite accompagne les filles dans leurs chansons de joie. Dans la ville, on parle du miracle de la « maison du Diable ».
Mais la petite Edith grandit et elle commence à se rendre compte de ce qu’elle voit chez sa grand-mère. Selon les recommandations du curé, elle retourne vivre, en 1922 ou 1923, avec son père. Maman Tine sera enterrée à Falaise, dans le Calvados.